UN RARE ALBUM DE PHOTOGRAPHIES DU CONCOURS AGRICOLE DE 1856 PAR NADAR JEUNE

Le 3 juin, BEAUSSANT LEFEVRE, assisté de l’expert Pierre-Marc RICHARD, proposera aux enchères un important portfolio de 96 photographies par Adrien TOURNACHON dit NADAR JEUNE (1825-1903). Cet « Album photographique des races bovines et ovines du Concours Agricole Universel de Paris 1856 », probablement un travail de commande, comprend des tirages sur papier salé d’après négatif verre au collodion des animaux qui furent primés.

Il fut réalisé par Adrien TOURNACHON, le frère de Nadar, photographe et portraitiste de talent, considéré aujourd’hui comme un des plus grands photographes du milieu du XIXème siècle.

Les photographies, vendues séparément ou en lots, conservent le souvenir d’une manifestation emblématique de l’époque. Elles sont signées Nadar Jeune & Cie 17 boult des Italiens et sont estimées entre 500 et 5 000 € pour les plus importantes, parmi lesquelles les portraits verticaux de vaches et de taureaux :
ainsi, la photographie représentant le « Taureau de Mariahof âgé de trente mois, présenté par Monsieur Senekowitz à Saint Georgen, près Unmarkt (Autriche), est estimée 4 000 / 5 000 €, tout comme comme « La vache normande âgée de cinq ans élevée par Monsieur Morin à Caen (Calvados) ».

A noter également, une « Brebis Siebenburge élevée par Monsieur la Baron Banssi en Transylvanie » et bien encore un « Bélier Siebenburge», estimées 2 000 à 3 000 € les deux…

"Depuis lundi dernier la photographie est en plein exercice au concours agricole universel, et nous pouvons affirmer de visu qu’elle y tient admirablement sa place. C’est à M. Adrien Tournachon (Nadar Jeune) qu’a été confiée la mission de reproduire par la photographie les animaux primés. Il eût été difficile de mieux choisir. L’atelier nous a paru très bien disposé. C’est une large baraque qu’entoure un vaste espace rectangulaire où viennent poser tour à tour, en pleine lumière, les sujets destinées à être pourtraités (sic). Une palissade de deux mètres de hauteur, recouverte de serge vert sombre, isole ce terrain et protège le travail des artistes contre les regards indiscrets de la foule. Nous avons vu M. Adrien Tournachon à l’œuvre et nous avons pu juger des difficultés qu’il faut vaincre. Pendant que nous étions auprès de lui, on a amené un gigantesque taureau noir, que son conducteur tenait par une longe. La glace collodionnée, sensibilisée et placée dans la chambre obscure, il a fallu attendre (par un soleil ardent sous l’influence duquel l’éther s’évapore avec une grande rapidité) que l’animal voulût bien rester un moment tranquille. Il trépignait, mugissait, agitait son énorme tête. Enfin, l’habile photographe a saisi un moment de repos entre deux mouvements. Cet instant (deux secondes) a suffi pour obtenir une excellente image… "
Extrait du Journal de la Lumière (7 juin 1856) : « La photographie au concours agricole universel » par Ernest LACAN.

"Les voilà maintenant dispersés, tous ces magnifiques animaux que nous avons admirés aux Champs-Elysées, dans ce palais de L’industrie qui a été, pour quelques jours, l’étable et la basse cour de l’Europe, après avoir été le bazar du monde…Mais s’ils ont quitté la demeure commune où le concours agricole les avait rassemblé, la photographie a conservé les plus remarquables d’entre eux, et nous les trouvons réunis de nouveau dans la belle collection de M. Adrien Tournachon (Nadar jeune). "
« Esquisses photographiques » par Ernest LACAN, Paris , 1856 (in 12) (pages 193 à 198)