CASTELLI
Chevrette à déversoir en forme de dragon lie et munie d'une anse aplatie,
decor polychrome sur chaque face de tetes de vieillards barbus coiffes de chapeau sur fond ocre reposant sur une large banderole ornee de lettre gothiques "SYs - D'AGRESTA" signifiant sirop de raisin vert. Le revers est emaille blanc et orne de motifs stylises bleu. (Restauration au deversoir).
Vers 1540-1555. Hauteur: 23,5 cm
Etiquette de la collection Jacques Martin.
Des modeles similaires sont publies par le Dr Chompret (fig. 332-333) dans Le Répertoire de la Majolique Italienne, tome 2, Edition Nomis, Paris, 1948. TROIS MAJOLIQUES DE CASTELLI PROVENANT DE L'APOTHICAIRERIE APPELÉE "ORSINI COLONNA" La production des pots de pharmacie dits "Orsini Colonna" a longtemps été attribuée à Faenza. Des fouilles effectuées à Castelli à la fin des années 1980 ont été publiées et étudiées lors d'un colloque organisé à Pescara et ont permis de prouver la parenté stylistique de ces pièces avec le pavement de l'Eglise San Donato à Castelli. Ce pavement daté de 1551 porte le monogramme "ORO " qui fut interprété comme la signature d'Orazio Pompéi (1516-1596), peintre dans l'atelier éponyme. Depuis Fortnum, les spécialistes ont désigné cet ensemble de pièces d'apothicairerie sous l'appellation "Orsini Colonna" en se basant sur un grand vase à deux anses conservé au British Museum. Sur une face, un large décor représente l'ours des Orsini tenant dans ses pattes la colonne des Colonna et accompagné de l'inscription latine "SARIMMO BONI AMICI" ("nous serons bons amis") qui symbolise l'alliance des deux familles romaines rivales. Selon Ballardini, les emblèmes de ces deux familles rivales de Rome pourrait correspondre à une commande de la famille romaine Orsini sans que l'on puisse définir de façon certaine si cette production commémore une alliance quelconque des deux familles. Néanmoins, cette alliance fut matérialisée en 1552 par le mariage de Marcantonio Colonna avec Felice Orsini. Ces majoliques furent réalisées à Castelli principalement entre 1500 et 1530. Elles se caractérisent par un nouveau style basé sur des formes originales et de puissants décors maniéristes caractérisés par une recherche du grotesque et un goût pour l'ironie dans la réalisation de ces expressions caricaturales. Le succès remporté entraina une production relativement abondante dans laquelle on peut distinguer des qualités variables de décor. On retrouve des exemplaires dans les plus grands musées du monde: au Metropolitan Museum of Art de New York (collection Lehman), au British Museum et au Victoria and Albert Museum de Londres, au musée du Louvre (collection Campana), à la Cité de la Céramique, à Sèvres, ou encore au musée des Arts Décoratifs de Lyon (collection Gillet).
Il semble que les pièces présentées aujourd'hui soient inédites. (Lot n°65 de la vente du 19 octobre 2011 - Provenant des collections Le Véel.)