COLLECTION PAUL DÉMOGÉ, DEUXIÈME PARTIE

Le 16 mai prochain Beaussant Lefèvre, assisté de son expert Jean-Christophe Palthey, dispersera  la deuxième partie de la collection d’ordres et de décorations françaises et étrangères du Professeur Démogé. 

Seront notamment proposés, des bijoux de l’ordre de Saint-Louis dans tous les grades, une collection complète des ordres ministériels français abolis en 1963 lors de la création de l’ordre national du Mérite et une exceptionnelle collection de médailles et insignes de fonctions.

Les médailles d’identités des parlementaires et plus largement des fonctions officielles sont apparues au début de la Révolution en remplacement de cartes d’identité imprimées sur carton jugées peu sûres. Œuvres des meilleurs graveurs : Duvivier, Gatteaux, Dupré, Andrieu, Gayrard, Caqué, Barre, Bazor, Muller, Belmondo, elles reflètent parfaitement l’évolution de l’art de la médaille en France. Par la richesse des personnalités à qui elles servirent de sésame depuis deux siècles, ces médailles sont devenues de véritables monuments métalliques de l’histoire de France.

Parmi la centaine de personnages célèbres on croisera, dans le désordre : Boissy d'Anglas, Armand Barbès « le Bayard de la Démocratie », Émile Littré, auteur du « Dictionnaire de la Langue française », Raymond Poincaré, le père de « l’Union sacrée », Paul Painlevé, Louis Barthou, le duc d’Uzès premier pair de France, Robert Boulin, Émile Loubet, les Maréchaux Canrobert et Lyautey, Waldeck-Rousseau, Cambacérès, Albert de Broglie...

DIRECTOIRE
La Constitution de 1795 donne le pouvoir exécutif à un Directoire, et partage le pouvoir législatif entre deux chambres, le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des anciens, ce dernier composé de 250 membres. Inspiré du système britannique, ce système bicaméral se voulait un rempart contre la dictature d’une assemblée unique.

Conseil des Cinq-Cents, médaille d’identité́ du type de l’an V par Gatteaux, octogonale en argent, sur l’avers, un faisceau de licteur sommé d’un bonnet phrygien lauré, encadré de rameaux de chêne et de laurier devant deux cornes d’abondance, légende « RÉPUBLIQUE FRANÇAISE », à l’exergue « REPRES. DU PEUP L’AN V. », au revers, un serpent se mordant la queue entoure les Tables de la Loi inscrites « CONSTITUTION DE L’AN III », devant un niveau, à l’entour « CONSEIL DES CINQ-CENTS », gravé à l’exergue en italique « F.a. BOISSY », surmontée d’une bélière transversale ouvragée. Belle patine. 44 mm
Estimation : 300 / 400 € (lot 177)
François, Antoine de Boissy d’Anglas (1756-1826), avocat, député́ du Tiers-État du district d’Annonay aux États généraux de 1789, député́ de l’Ardèche à l’Assemblée nationale constituante puis Convention nationale de 1792 à 1795 (Girondins), au Conseil de Cinq-Cents de 1795 à 1797 dont il est Président. Il est nommé au Tribunat en 1801, puis au Sénat conservateur en 1804, pair de France en 1814. Grand officier de la Légion d’honneur et comte de l’Empire.

CONSULAT ET EMPIRE 
La Constitution de l’an VIII place le pouvoir exécutif entre les mains de trois Consuls : Bonaparte, Cambacérès et Lebrun. Le pouvoir législatif est partagé entre quatre assemblées : le Corps législatif, comprenant trois cents membres, le tribunat composé de cent membres (réduit à cinquante après 1803, dissous en 1807), le Sénat conservateur composé de soixante, puis quatre-vingts sénateurs et le Conseil d’État, composé de cent cinquante membres.

Corps législatif, médaille d’identité́ de l’an XII par Jeuffroy, en argent, sur l’avers Minerve casquée de profil à gauche, au revers en haut « CORPS LEGISLATIF », à l’exergue « SESSION DE L’AN XII », dans le champ, l’attribution gravée « Hyppolite (sic) Jacomin, député́ DE LA DRÔME » (petit choc sur la tranche).
38 mm
France, début du XIXe siècle.
Estimation : 400 / 500 € (Lot 184)
Provenance : 17, 18, 20 au 25 juin 1927, Collection du Prince d’Essling - monnaies et médailles, MM. Feuardent et Florange experts, Me Léon André, Paris, Drouot, lot n°1006.
Jean, Jacques, Hippolyte Jacomin (1764-1843), avocat, député́ de la Drôme à la Convention nationale de 1792 à 1795 (Montagnard), puis membre du Conseil des Cinq-Cents de 1795 à 1799, membre du Corps législatif de 1799 à 1804. Il est ensuite directeur des droits réunis à Besançon jusqu’en 1815. Expatrié comme régicide en 1816.

Assemblée constituante, 1848, médaille d’identité́ en argent, l’avers reprend, en le modifiant légèrement, l’élégante composition de Gatteaux pour l’An VI, elle conserve la couronne de feuilles de chêne continue, mais le bonnet phrygien surmontant le faisceau de licteur est remplacé́ par une main de justice, la composition est ceinte de la légende « RÉPUBLIQUE FRANÇAISE », à l’exergue « MDCCCXLVIII », au revers une couronne de chêne composée d’une branche sans fin entourée de la devise « LIBERTÉ . ÉGALITÉ. FRATERNITÉ », au centre « ASSEMBLÉE NATIONALE » surmontant l’attribution gravée « CEN BARBÈS (Armand) » (Cen pour Citoyen), poinçon argent et main indicatrice.
50 mm
France, 1848.
Estimation : 300 / 400 € (lot 222)
Armand Barbès (1809-1870), « le Bayard de la Démocratie », célèbre républicain, député de l’Aude à l’Assemblée constituante de 1848. Riche héritier, fervent opposant à la Monarchie de Juillet, il met sa fortune au service de la révolution. Membre et fondateur de nombreuses sociétés secrètes, il participe au côté́ de Blanqui à l’insurrection du 12 mai 1839 à Paris. Arrêté́ et condamné à mort, Victor Hugo obtient sa grâce de Louis- Philippe, sa peine est commuée en détention à perpétuité́. La IIe République lui ouvre les portes de l’Assemblée constituante le 23 avril 1848. Mais le 15 mai 1848, des manifestants envahissent l’Assemblée, il en prend la tête et tente de s’emparer de l’Hôtel de Ville. L’émeute échoue, arrêté́, il est à nouveau condamné à perpétuité́. Gracié - contre son grès - par Napoléon III en 1854, il choisit alors l’exil volontaire. Il meurt à La Haye le 23 juin 1870, quelques mois avant la proclamation de la IIIe République.

Chambre des Députés, session de 1889, par Maximilien Bourgeois, en argent, sur l’avers la République en buste à droite, drapée et coiffée d’un bonnet phrygien, derrière sa nuque une branche d’olivier, autour « REPUBLIQUE FRANÇAISE », au revers, en haut « CHAMBRE DES DEPUTES », en bas « 1889 », au centre, sur une branche de chêne un cartouche portant l’attribution frappée en relief « RAYMOND POINCARÉ MEUSE », poinçon argent et corne d’abondance.
50 mm
France, 1889.
Estimation : 400 / 600 € (Lot 239)
Raymond, Nicolas, Landry Poincaré (1860-1934), avocat, député́ de la Meuse de 1887 à 1903, sénateur de la Meuse de 1903 à 1913 et de 1920 à 1934. Président de la République de 1913 à 1920, il est le père de « l’Union sacrée », termes qu’il emploie dans son message à la chambre des députés le 4 août 1914. Cinq fois Président du Conseil, quatre fois après 1920. Membre de l’Académie française en 1909. Grand-croix de la Légion d’honneur.

Chambre des Députés, sessions de 1914, 1919, 1924 et 1932, groupe de quatre médailles d’identité́ en argent :
- Session de 1914 par Léon Deschamps, sur l’avers la République en buste à gauche, cuirassée et coiffée d’un bonnet phrygien, autour « REPUBLIQUE FRANÇAISE », au revers, en haut « CHAMBRE DES DEPUTES », en bas « 1914 », un cartouche orné de deux mufles de lion reposant sur un faisceau de licteur orné d’une hache et deux branches de chêne et de laurier croisées, au centre l’attribution frappée en relief « PAINLEVÉ SEINE ». Avec son étui frappé au nom de l’Assemblée. 51 mm
- Session de 1919 par Léon Deschamps, sur l’avers la République en buste à gauche, cuirassé et casquée, autour « REPUBLIQUE FRANÇAISE », au revers, la légende « CHAMBRE DES DEPUTES – LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE », au centre un cartouche architecturé surmonté d’un lion, en dessous un écu orné d’un bandeau portant l’année « 1919 », et deux branches de chêne et de laurier croisées, au centre l’attribution frappée en relief « PAUL PAINLEVÉ SEINE ». 50 mm
- Session de 1924 par Prud’homme, sur l’avers la République laurée à gauche, autour « REPUBLIQUE FRANÇAISE », au revers, la légende « CHAMBRE DES DEPUTES », au centre un drapeau sur lequel repose un cartouche surmonté de l’année « 1924 »
frappée de l’attribution en relief « PAUL PAINLEVÉ SEINE », en dessous, sur un rameau de laurier, un phylactère gravé de la devise « LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE ». Avec son étui frappé au nom de l’Assemblée. 50 mm
- Session de 1932 par Prud’homme, sur l’avers la République à mi-corps à gauche, coiffée d’un bonnet phrygien tenant un faisceau de licteur orné d’une hache de la main droite, le coude reposant sur une balustrade surmontant le chiffre RF sur un bouclier et des lauriers, au-dessus « REPUBLIQUE FRANÇAISE », au revers, en haut la légende « CHAMBRE DES DEPUTES », au centre un flambeau sur des lauriers, chargé de la devise « LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE », en bas « 1932 », au milieu un cartouche frappé de l’attribution « PAUL PAINLEVÉ AIN ». 50 mm
Toutes poinçonnées argent et corne d’abondance.
France, 1914 à 1932.
Estimation : 500 / 700 € (Lot 245)
Paul Painlevé (1863-1933), mathématicien, membre de la Ligue des Droits de l’homme, il se lance en politique avec l’affaire Dreyfus. Républicain socialiste, il est député de la Seine de 1910 à 1928 et de l’Ain de 1928 à 1933. Ministre de la Guerre puis Président du Conseil en 1917, Président de la Chambre des Députés en 1924-1925, à nouveau ministre de la Guerre puis Président du Conseil en 1925, ministre de la Guerre de 1925 à 1929, enfin quatre fois ministre de l’Air entre 1930 et 1933. Membre de l’Académie des Sciences en 1900, il laisse de nombreux ouvrages scientifiques, notamment sur l’aviation dont il est un théoricien. Après des funérailles nationales, son corps est transfèré au Panthéon

INSTITUT DE FRANCE
Créé par la Constitution de l’an III, dans son article 298, l’institut de France était « chargé de recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences. » En 1795, il était composé de trois classes : sciences physiques et mathématiques, sciences morales et politiques, littérature et beaux-arts. Il fut réorganisé́ en 1803 en quatre classes : sciences physiques et mathématiques, langue et littérature française, langues anciennes et d’histoire et beaux-arts. En 1816, louis XVIII rendit à ces classes le nom d’académie, les reliant ainsi aux académies d’ancien Régime : française, des sciences, des inscriptions et belles lettres, des beaux-arts. Enfin en 1832, Louis-Philippe releva l’académie des sciences morales et politiques, donnant à l’institut sa forme actuelle.

Consulat - Institut national des Sciences et des Arts, médaille d'identité du deuxième type par Dumarest, en argent, à l'avers, Minerve en buste à droite, coiffée d'un casque antique surmonté d'une chouette, ceinte du nom de l'Institut, en dessous «Constitution article
LXXXVIII», au revers, au centre d'une couronne de laurier surmontée d'une étoile, l'attribution gravée «J.J.R CAMBACÉRÈS».
39 mm
France, vers 1800. SUP
Estimation : 150 / 200 € (lot 340)
Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753-1824), jurisconsulte, membre de la Convention, député au Conseil des Cinq- Cents, Deuxième Consul, Archichancelier de l'Empire, duc de Parme, membre et président du Sénat, du Conseil d'État et de la Haute Cour impériale, ministre de la Justice et pair des Cent-Jours. Grand maître du Grand Orient de France.
Grand-Aigle de la Légion d'honneur. Il est nommé par le Directoire Membre de l'Institut en 1795, dans la classe des sciences morales et politiques. Lors de la suppression de cette classe en 1803, il intègre la classe de langue et littérature française, future Académie française.


LA LÉGION D’HONNEUR 
Le 19 mai 1802 , Napoléon Bonaparte crée la Légion d’Honneur . Elle récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation. 
Les guerres napoléoniennes exporteront le principe de la Légion d’honneur en Westphalie, à Naples, en Espagne … 
La Légion d’honneur infléchit la tradition des ordres d’Ancien Régime en étant ouverte à tous, et non plus seulement aux officiers. Certains, tel le ministre de la guerre Berthie, y voient une atteinte au principe de l’égalité civique et considèrent les décorations comme des hochets de la monarchie. Bonaparte, en conseil d’État, justifie cette institution : « Je vous défie de me montrer une république, ancienne ou moderne, qui sût se faire sans distinctions. Vous les appelez les hochets, eh bien c’est avec des hochets que l’on mène les hommes. » 
L’ordre de la Légion d’honneur est une communauté constituée de tous ses membres, dotée d’un nom, d’un sceau, d’un statut, d’un patrimoine, et d’une personnalité juridique de droit public. 
La Légion d’honneur est composée de chevaliers, d’officiers, de commandeurs, de grands officiers et de grands-croix. 
De nouveaux ordres seront créés au XIXe et XXe siècle dans tous les pays du monde en s’inspirant de la Légion d’honneur.

Une faveur impériale: l'étoile en diamants.
Premier Empire, exceptionnel bijou de chevalier de la Légion d'honneur du quatrième type
légèrement réduit, l'étoile, en argent à cinq rayons doubles aux pointes pommetées entièrement serties de diamants, le revers émaillé de blanc est orné entre les branches d'une couronne de chêne et de laurier. Les centres en or ont été modifiés sous la Restauration: le profil de l'Empereur et l'aigle impériale ont été remplacés par Henri IV et les trois fleurs de lys. L'étoile est surmontée d'une couronne impériale articulée, sommée d'un anneau, l'avers serti de diamants, le revers finement ciselé, les joyaux émaillés. Il est conservé dans l'écrin d'origine en maroquin rouge à grain long orné d'une frise dorée, l'intérieur gaîné de velours de soie beige en forme et de satin dans le couvercle est bordé d'un étroit ruban tressé de fil d'argent (64 x 41 x 12 mm). De la plus grande rareté.
55 x 32 mm - poids: 19,5 g
France, deuxième décennie du XIXe siècle.
En dehors de la famille impériale, les insignes de la Légion d'honneur ornés de diamants constituaient sous le Premier Empire une marque d'estime particulière remise par l'Empereur. Un modèle en or, très proche de fabrication et attribué au Roi de Rome est illustré dans: Laurence Wodey, L'insigne de l'honneur, de la Légion à l'étoile, 1802-1815, Société des amis du musée national de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie, Paris, 2005, p. 141.
Estimation : 30 000 / 40 000 € (lot 21)

ORDRE DE SAINT-LOUIS
L’ordre de Saint-Louis dut sa naissance à la réorganisation des armées au milieu du XVIIe siècle et à l’apparition de militaires de valeur plus nombreux et faisant partie de la bourgeoisie, l’ordre du Saint-Esprit étant réservé à la noblesse. L’ordre de Saint-Louis est le premier ordre de Mérite militaire ouvert aux non nobles. Le bénéficiaire devait être et avoir servi plus de dix ans comme officier. Cependant les nobles représentaient une part très importante des effectifs qui augmenta au cours du XVIIIe siècle avec l’éviction progressive des roturiers des corps d’officiers de l’armée.

Ordre de Saint-Louis, Restauration, bijou de grand-croix en or émaillé à huit pointes pommetées, les branches bordées d'émail blanc à réserves amaties sont anglées de larges fleurs de lys ciselées, les centres légèrement ovales en deux parties présentent, sur l'avers, Saint Louis au visage de profil à gauche couronné, en armure et manteau royal, tenant dans la main droite une couronne de laurier, dans la gauche la couronne d'épines et un voile, ceint de la légende complète «LUDOVICUS MAGNUS INSTITUIT 1693», sur le revers, une épée ondée et laurée entourée de la devise de l'ordre «BELLICÆ VIRTUTIS PRÆMIUM», bélière ciselée en feuilles d'acanthe largement épanouies, anneau cannelé, poinçon tête de coq sur la bélière, et tête d'aigle sur l'anneau, ce dernier apposé postérieurement (cheveux, menus éclats au manteau royal, petites restaurations aux légendes et aux pointes). Avec une écharpe à bouffette d'époque, partiellement décolorée et usée.
71 x 64 mm - poids: 47 g
France, vers 1814-1819.
Estimation : 4 000 / 6 000 € (lot 6)