ŒUVRES D’EXCEPTION

Le 15 juin prochain Beaussant Lefèvre organisera à Drouot sa traditionnelle vente de prestige de tableaux, mobilier et objets d’art.

Pour cette édition sera proposé aux collectionneurs un tableau de Théodore Géricault représentant un Garçon donnant l’avoine à un cheval dételé, thème cher à l’artiste ; cette œuvre fit partie de la collection de Fernand de Schickler et de celle de Raoul Suchet, 3° duc d’Albufera (est. : 120 000 / 150 000 €). 
Les amateurs de peintures anciennes seront apprécier deux portraits par Alexandre Roslin, portraitiste suédois installé en France, de Pierre-Stanislas Foäche et de son épouse Henriette Agathe Rose Foäche (1754-1812) née de Mondion (est. : 50 000 / 60 000 €). La famille Foache était une grande famille d’armateur du Havre, le frère de Pierre-Stanislas, Martin Pierre Foache fut propriétaire de la célèbre Maison de l’Armateur du Havre.

Cette vente présentera deux rares tapisseries aux Amours des Dieux classées Monuments Historiques : L’Enlèvement de Proserpine et Neptune et Cérès (est. : 80 000 / 120 000 €). Elles furent réalisées pendant la première moitié du XVIIème par les ateliers du faubourg Saint Marcel à Paris, sous la direction d’Alexandre de Comans, d’après des cartons de Simon Vouet. Elles étaient autrefois exposées au château de Sourches dans la Sarthe. 
A remarquer également un rare tapis moghol ou persan à décor « Shah Abbas » de rinceaux feuillagés, «scrolls» et fleurs sur fond rouge probablement du XVIIème ou du début du XVIIIème siècle provenant de la collection Henry-René d’Allemagne (est. : 80 000 / 100 000 €).

Pour finir on notera une rare commode à portes en acajou très richement ornementé de bronzes dorés estampillée Jacob Frères Rue Meslée d’époque Empire provenant de l’ancienne collection Suchet d’Albufera, au château de Montgobert (est. : 20 000 / 30 000 €). Une commode identique, livrée pour l’Empereur, est conservée à Fontainebleau.

Théodore GERICAULT (Rouen 1791-Paris 1824) 
Garçon donnant l’avoine à un cheval dételé
Huile sur toile 
Dim. : 45,2 x 36, 1 cm 
Estimation : 120 000 / 150 000 € 
Provenance : 
Probablement vendu par le colonel Bro, pour le compte de Géricault, en 1823 à Jean Schickler (1798-1843) 
Ancienne collection Fernand de Schickler (1835-1909) 
Ancienne collection de Raoul Suchet, 3° duc d’Albufera
Expositions :  
1824, Paris, Salon, Un enfant donnant à manger à un cheval, n° 761 
1924, Paris, Galerie Charpentier, Exposition Géricault. n° 204 
Œuvres en rapport : 
1- Un dessin de Géricault (Bazin n° 2434), pierre noire et aquarelle 8 x 6 cm.
2- La lithographie, exécutée en grande partie par Joseph Volmar. (Delteil 89) (Bazin 2432)
3- Une copie , huile sur toile, 40 x 32 cm, Collection Couvreur, puis duc de Bassano vente Paris 19-20 janvier 1882 n° 32
4- Joseph Volmar, Copie du tableau (60 x 49 cm) ancienne collection Moreau-Chaslon, vente Paris 8 juin 1889 n° 77.


Alexandre ROSLIN (1718-1793) 
Portrait de Pierre-Stanislas FOÄCHE (1737-1806) 
Ecuyer, conseiller-secrétaire du Roi au Grand Conseil, Notaire et négociant de Saint Domingue  
Huile sur toile, rentoilée
Dim. : 65,3 x 54 cm. 
Signé et daté en bas à droite : « Roslin S. à Paris 1771 »
Cadre en chêne, redoré, estampillé E. L. Infroit et poinçon de Jurande JME

Alexandre ROSLIN (1718-1793)
Portrait de Henriette Agathe Rose FOÄCHE (1754-1812) née de MONDION 
Huile sur toile  rentoilée. 
Dim. : 73 x 60 cm
Signé et daté en bas à droite : « Le Chev.Roslin 1780 » 
Cadre en chêne redoré
Estimation : 50 000 / 60 000 € 
Provenance : 
Collection Pierre-Stanislas et Henriette-Agathe-Rose Foäche 
Collection de Madame André Begouen Demeaux, née Louise Flore Foäche 
Collection Albert Begouen Demeaux 
Légué à Madame Bruno Cornet d’Hunval, née Antoinette Begouen Demeaux 
Collection Madame Philippe Couturier, née Antoinette André descendante de Pierre- Stanislas Foäche 
Par descendance  

Alexandre Roslin 1718-1793 exécuta onze portraits des membres des familles Bégouën et Foäche dont ceux de Martin Pierre Foäche et son épouse présentés au musée de la Maison de l’armateur au Havre (collection particulière) et celui d’Henriette jeune sœur d’André Bégouën-Demeaux, conservé au Cummer Museum of Art and Gardens à Jacksonville  en Floride. 
Le National Museum de Stockholm en Suède conserve un important ensemble de portrait par Alexandre Roslin.


Deux tapisseries en laine et soie de la tenture des Amours des DieuxL’Enlèvement de Proserpine  et Neptune et Cérès . Riches bordures ornées de médaillons et cartouches à profils soutenus par des angelots sur fond de fleurs.
Marquées AC dans les lisières.
Ateliers du faubourg Saint Marcel à Paris, sous la direction d’Alexandre de Comans.
Première moitié du XVIIème siècle.
Hauteur : 354 cm - Largeur : 559 cm
et Hauteur : 362 cm - Largeur : 260 cm
Estimation : 80 000 / 120 000 €
Provenance : Autrefois au château de Sourches dans la Sarthe.
Classées Monuments Historiques.

Les cartons de ces tapisseries sont l’œuvre de Simon Vouet (1590 – 1649) qui, aidé de son atelier, conçut à partir de 1627 cinq grandes tentures (dont une de commande royale) de sept à dix pièces chacune. Les importantes bordures sont caractéristiques de sa manière de faire.
La famille de Comans, lissiers d’origine flamande, s’installe faubourg Saint Marcel en 1601. Alexandre de Comans, fils Marc de Comans, est nommé Directeur des Manufactures de Tapisseries du Roi, à la suite de son père en 1635 et reste actif jusqu’à son décès en 1654.
Le succès de la tenture des « Amours de Dieux » fut très important, le cardinal de Mazarin, par exemple, en possédait une suite en huit pièces, le Duc de La Meilleraye également. Une série de la même tenture avec sept pièces est aujourd’hui conservée au château de Champchevrier en Indre et Loire. Le Mobilier National possède par ailleurs un exemplaire de Neptune et Cérès  dans l’Hotel de Sully.


Rare tapis moghol ou persan à décor « Shah Abbas » de rinceaux feuillagés, «scrolls» et fleurs sur fond rouge. Bordure de fleurs et oiseaux alternés sur fond noir entre deux galons. Probablement XVIIème ou XVIIIème siècle. 
Longueur : 370 cm Largeur : 182 cm 80 / 100 000 € 
Provenance : Collection Henry-René d’Allemagne. 

Henry d’Allemagne (1863 – 1950), chartiste, spécialiste des arts décoratifs, archiviste paléographe à la bibliothèque de l’Arsenal, fut un collectionneur passionné. Il publia de nombreux ouvrages de référence, notamment sur les cartes à jouer, la ferronnerie, les vêtements, les luminaires et aussi l’art islamique. Dans son intérieur foisonnant, ce tapis qu’il considérait comme datant de la fin du XVIème ou début du XVIIème siècle était tendu au plafond. 
Ces tapis à décor caractéristique d’un réseau de fleurs entrecoupé de grandes feuilles découpées stylisées (quelquefois appelés nuages) sont tantôt attribués aux ateliers safavides persans, tantôt à ceux de l’Inde du Nord moghole. 

Tapis à motifs comparables : 
Pour les fleurs : Christie’s, Londres, 26 avril n° 295, (Ispahan, milieu du XVIIème siècle) 
Pour les nuages : Museum für Kunst und Gewerbe, Hambourg, Allemagne, (Iran, milieu du XVIème) 
Pour la bordure. Metropolitan Museum NY, n°14 40 721 (Keshan, fin du XVIème)


Rare commode à portes en acajou ouvrant à un large tiroir surmontant deux vantaux découvrant quatre tiroirs à l’anglaise. Montants articulés en pilastre. Base sur plinthe. Très riche ornementation de bronzes dorés : guirlandes, cartouche orné d’un quadrige, deux médaillons à profils, rubans et palmettes. Serrures décentrées. Dessus de marbre bleu turquin.
Estampillée Jacob Frères Rue Meslée
Epoque Empire
Hauteur : 98,5 cm - Largueur : 162 cm - Profondeur : 62,5 cm
Estimation : 20 000 / 30 000 €
Provenance : Ancienne collection Suchet d’Albufera, château de Montgobert. 

« Signalons enfin les beaux ensembles constitués par Pauline Borghèse où la collaboration de Jacob Desmalter était grande, dans son hôtel du Fbg Saint Honoré et en son château de Montgobert » (Hector Lefuel, « François Honoré Georges Jacob-Desmalter » Albert Morancé ed. Paris 1925, p. 122)

Une commode identique, livrée pour l’Empereur, conservée à Fontainebleau (inv F 75C) est publiée par J.P. Samoyault « Fontainebleau, Meubles entrés sous le premier Empire », RMN, Paris, 2004
« La commode, l’une des plus belles de toutes celles conservées aujourd’hui à Fontainebleau, a été livrée en 1804 pour le palais par Jacob Desmalter au prix de 2 900 F » (Jean Vittet « Dans les rêves de Napoléon » Faton ed., 2016, p83)