LE CAPITAINE-AERONAUTE JULHES ET SON BALLON AU-DESSUS DE TURIN EN1884

 Le 9 décembre prochain, BEAUSSANT LEFEVRE, assisté du cabinet CHANOIT, proposera aux enchères un tableau de V. R. FARNÉ (Vers 1880) représentant Le capitaine aéronaute Juhlès volant au dessus de Turin en compagnie de la reine d’Italie, Margherita de Savoie de 1884. Il sera estimé 7 000 / 10 000 €.
 
Le capitaine aéronaute Emile-Louis Julhès fut l'une des figures phares de l'aérostation dans les années 1880, période décisive de l'histoire de la conquête de l'air. Julhès était concepteur de ballons et se produisait dans les grandes foires et expositions nationales et internationales (Turin en 1884, Paris en 1890, Chicago en 1893...). Il proposait également à ses clients des vols transcontinentaux. Ce tableau représente le survol du Pô et de la ville de Turin par Julhès en compagnie de la reine Margherita de Savoie, épouse d'Umberto Ier d'Italie, en 1884. L’encadrement est orné de petits encarts qui illustrent des exploits extrêmement périlleux à Alger et Toulon, ainsi que ses décorations et récompenses internationales : les souverains tout comme les populations étaient fascinés par cette conquête technique. Toutefois, ces engins « plus légers que l’air » devaient être supplantés par l’aviation au début du XXème siècle.
 
EMILE-LOUIS JULHES, CAPITAINE AERONAUTE (1855-1895)
 
Le ballon aérostatique fut une étape décisive de l’histoire de la Conquête de l’air. La première ascension fut effectuée par les frères Montgolfier en 1783. La seconde moitié du XIXème siècle représente l’âge d’or des vols en ballons aérostatiques, qui provoquent une vive curiosité de la part du public. Le capitaine Julhès fut l’un des grands aéronautes français des années 1870-1895. Il fait sa première ascension à l’âge de 14 ans, durant la guerre franco-prussienne de 1870-1871 dans laquelle il s'engage volontairement. Ses connaissances techniques et son audace lui permettent de réaliser des voyages spectaculaires et de développer des recherches techniques sur les aérostats. Ses exploits héroïques sont relatés par la  presse : en avril 1876, en compagnie du rédacteur en chef du « Progrès du Var », lors d'une ascension à Toulon le ballon se déchire en deux à une hauteur de 400 m ; heureusement la chute est amortie par une allée de cyprès qui leur sauve la vie. En 1879, Julhès part de Malaga en compagnie de Madame Jeanne Mutignan, traverse le détroit de  Gibraltar et après un voyage de 2 500 km effectue une heureuse descente en Algérie entre Nemours et Tlemcen. Tel n’est pas le destin d'une ascension effectuée à Alger en 1880 : le vent pousse le ballon vers la mer et le fait s’échouer à 10 miles au large des côtes, où il est heureusement recueilli par des pêcheurs maltais. Le capitaine Julhès fait de nombreuses ascensions internationales. En 1881, le roi du Portugal lui confère le titre de chevalier de l'ordre militaire du Christ du Portugal et le Bey l'ordre du Nicham Iftikar en 1879 après une ascension à Tunis. Il se produit en 1893 à l'Exposition Universelle de Chicago (affiche de l’exposition, Fig. 3). Désormais, les ballons font partie de toutes les réjouissances publiques, la vente des tickets d’ascension permettant le financement d’un matériel de fabrication et d’entretien coûteux.
 
Le capitaine aéronaute Julhès, en tant que directeur de la Compagnie mobile d'aérostation de France, propose également à sa clientèle, en plus de divers voyages ou ascensions, des spectacles pyrotechniques aérostatiques. Il vend également des ballons à gaz et des montgolfières de sa fabrication (papier en-tête de la compagnie, (Fig.1). Une affiche éditée lors de l’Exposition Nationale d’Italie à Turin (1884) confirme cette renommée internationale.
 
JULHÈS ET TURIN (1884)
 
Ce tableau décrit une ascension sereine par beau temps. Le ballon, avec à son bord le capitaine Julhès et la reine Margherita de Savoie (très aisément identifiable par son visage poupin encadré de ses mèches blondes), épouse d’Humberto Ier d’Italie, survole le Pô, enjambé par le pont Vittore Emmanuel Ier, l’église néo-classique Gran Madre di Dio et l’église Santa Maria del Monte sur le Monte dei Cappucini.