BAUDELAIRE (Charles).

Lettre autographe signée « Charles » à sa « chère maman ». [Paris], 8 janvier 1864. 1 p. 1/2 in-8, en-tête gaufré « Austin's Railway Hotel. Paris. 26, rue d'Amsterdam ». Projets de voyage en Belgique. Poulet-Malassis s'était exilé en Belgique en septembre 1866, et Baudelaire caressait l'idée d'y voyager, pour y faire une tournée de conférence et tenter d'y intéresser des éditeurs à ses écrits. « Ma chère maman, je t'ai su autant de gré de ta bonne intention que si tu avais réussi à m'envoyer 25000 fr. Mais tu m'avanceras que tu as l'esprit tourné au bizarre. Il y a des chemins de fer et des mandats de poste ; mais c'est sans doute trop simple. Le timbre-poste n'est accepté comme argent que dans le cas d'appoint, d'appoint très petit, entre négociants. Je crois bien qu'un marchand consentirait à échanger des cigarres contre des timbres, parce qu'il est chargé de vendre les deux ; encore, comme il est marchand, c'est-à-dire voleur, et comme le bénéfice autorisé sur les timbres est moindre que celui sur les cigarres, il ne livrerait sans doute que 20 fr. de cigarres pour 25 de timbres. Et enfin, pourquoi acheter des cigarres français, puisque la douane belge me ferait payer un droit d'entrée considérable ? Mes cigarres me reviendraient alors à un prix excessif. Cependant je garde tes timbres. Je m'en servirai. Et puis c'est un curieux échantillon de tes bizarreries. Quant au pâté, je n'y ai rien compris. Es-tu bien satisfaite de mes explications ? Je te les envoie parce que tu me dis que tu es inquiète. Et je t'embrasse... » La mère de Charles Baudelaire, Caroline Archembaut-Dufayis (1794-1871), naquit à Londres d'un officier français émigré, mais, orpheline très jeune, fut élevée par un riche avocat parisien. Elle épousa François Baudelaire en 1819, puis, après la mort de celui-ci, Jacques Aupick en 1828. Ses relations avec son fils furent relativement tendues de 1839 jusqu'à la mort de Jacques Aupick, mais retrouvèrent ensuite une certaine harmonie. Elle appréciait