RENARD (Jules)

Lot 46
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RENARD (Jules)
Manuscrit autographe signé intitulé « Poil de Carotte. La Luzerne ». 3 pp. 1/2 grand in-4, quelques ratures et deux corrections, manuscrit préparé pour l'impression avec notes à l'encre du typographe, estampille du directeur du Mercure de France. « LA LUZERNE », UN DES CÉLÈBRES CONTES DE POIL DE CAROTTE. Originellement paru en mars 1892 dans Le Mercure de France, il prit sa place en 1894 dans le recueil Poil de carotte qui rencontra un succès immense et durable : plus d'une centaine d'éditions jusqu'à nos jours. LA VERSION PRIMITIVE DU MERCURE, OFFRANT 8 VARIANTES AVEC LE TEXTE DÉFINITF DE 1894, courts ajouts et suppressions, avec quelques ajustements de style. PAR DEUX CORRECTIONS, RENARD ACCENTUE LA VIOLENCE DES RAPPORTS ENTRE POIL DE CAROTTE ET SON ENTOURAGE : quand Poil de Carotte s'escrime sur le pain sec qu'on lui donne à manger, Renard avait d'abord écrit de manière ambiguë : « ses parents le regardent avec plaisir », puis a corrigé en « ses parents le regardent avec curiosité » (p. 1), pour préparer la métaphore animalière qui suit (« "Son estomac d'Autruche digérerait des pierres..." »). Il a également corrigé « Dormirez-vous, à la fin ? », en « Dormirez-vous, sales gars ? » (p. 3). LE DOUBLE VISAGE DE L'ENFANCE : INNOCENCE ET PERVERSITÉ. « « ... "Je ne les attendrai pas, dit grand frère Félix rageur. Je ne veux pas mourir de faim, moi. Je veux manger tout de suite, n'importe quoi, de l'herbe... Veux-tu parier que j'en mange, moi de la luzerne... ?"... Bientôt le champ de luzerne déploie sous leurs yeux sa verdure appétissante. Dès l'entrée, ils se réjouissent de traîner les souliers, d'écraser les tiges molles, de marquer d'étroits chemins qui inquiéteront longtemps et feront dire : "Quelle bête a passé par ici ?" À travers leurs culottes, une fraîcheur pénètre jusqu'aux mollets peu à peu engourdis. Ils s'arrêtent au milieu du champ et se laissent tomber à plat ventre. - "On est bien", dit grand frère Félix. Le visage chatouillé, ils rient comme autrefois
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