, avocat honoraire et ancien Bâtonnier de Caen, seront proposées aux enchères par Beaussant Lefèvre à Drouot.
Venez découvrir, au travers des mots de Maître Delauney lui-même, la passionnante histoire de ces collections et des œuvres qui sont aujourd’hui vouées à rencontrer d’autres passionnés.
Le couvercle souligné d’une moulure de godrons, la doucine filetée. La prise en forme d’anneau articulé sur tertre de forme rectangulaire godronné. Le corps uni, les oreilles à décor de coquille en applique et rinceaux gravés sur fond amati.
Rouen, 1713 (lettre Z).
Maître-Orfèvre : Michel I Clavier.
Provenance : Ancienne collection METAIS.
Bibliographie : Reproduit dans l’ouvrage de Claude Gérard Cassan, les orfèvres de la Normandie (page 198).
Caen, 1773 -1774 (lettre O).
Maître-Orfèvre : Daniel-Toussaint Desmares reçu en 1765.
Longueur aux oreilles : 31 cm - Poids : 838 g
Bon Vittrel, négociant, né en 1742 à Cherbourg. En 1774 il épouse Marie Jeanne Françoise Le TOUZE.
Cette écuelle est la seule connue pour la ville de Caen à ce jour.
Estimation : 4 000 / 6 000 €
Ce qui m’amène à rappeler que dans maintes grandes et petites villes du royaume étaient établis à demeure des communautés d’orfèvres souvent fort prospères, aptes à satisfaire aux besoins de la clientèle locale, nobles et non-nobles dès lors que, négociants ou propriétaires-fonciers par exemple, jouissant d’une certaine aisance. C’est sans doute la présence de riches armateurs à Granville qui déterminera le parisien Fontaine élève du grand orfèvre Balzac, à venir s’y établir hors communauté, donc en maître–abonné, ce qui me vaudra un jour d’acquérir, venant de la collection Cassan, les seules pièces d’orfèvrerie civile à ce jour répertoriées pour cette ville et par cet orfèvre, une originale timbale et une paire de flambeaux commandée par un haut-fonctionnaire local.Timbale en argent uni posant sur un piédouche à contours. Le col fileté et gravé « J.CHAMPION ».
Granville, vers 1749-176.
Maître-Orfèvre : Antoine Fontaine (reçu en 1749, décède en 1761) formé
auprès de Thomas Germain à Paris.
Hauteur : 9,5 cm - Poids : 120 g
Ancienne Collection Claude CASSAN.
Estimation : 1 500 / 2 000 €
Paire de flambeaux en argent uni à moulures et côtes pincées, posant sur une base ronde à contours marquée « Fois DOUILLON ».
Granville, vers 1749-1761.
Maître-Orfèvre : Antoine Fontaine (reçu en 1749, décède en 1761) formé auprès de Thomas Germain à Paris.
Hauteur : 25 cm - Poids : 818 g
Ancienne Collection Claude CASSAN, reproduit dans « Les Orfèvres de la Normandie », Claude Gérard CASSAN (page 90).
Estimation : 5 000 / 7 000 €
La lecture d’une inscription » I.I..Taillasson », c’est-à-dire Jean-Joseph Taillasson, le nom du célèbre peintre bordelais, sur le pourtour d’un tastevin « ombilic » de Bordeaux, mais un objet datable de 1722 par sa lettre-poinçon d’année pouvait d’autre part me poser problème car antérieur de beaucoup à l’année de naissance du grand artiste ; la solution fut assez rapidement trouvée :le »I.I » du tastevin n’était autre que Jean-Joseph Taillasson, viticulteur à Blaye intra-muros, le père du peintre homonyme, et bien entendu, lui-même fils d’un Taillasson également prénommé Jean-Joseph.Goûte vin en argent uni à ombilic posant sur une petite bâte filetée, marqué sous le pied « I.I.TAILLASSON ».
Bordeaux, 1722-1723 (lettre C).
Maître-Orfèvre : Gabriel Carriere reçu en 1714.
Poids : 95 g
Estimation :
Jean Joseph TAILLASSON, viticulteur à BLAYE (1713- 1779), fils de Jean-Joseph TAILLASSON bourgeois de Blaye et père de Jean Joseph TAILLASSON (1745-1809) peintre, illustrateur et critique d’art français, prix de Rome en 1769.
Estimation : 1 500 / 2 500 €
Autre télescopage curieux de la petite et de la grande Histoire par le biais des poinçons, rappelant à eux seuls les affres de la Terreur des années 1793-1794 : j’ai autrefois acheté une paire de flambeaux dont les poinçons régulièrement apposés sous le fût avaient été partiellement ou totalement biffés, une inscription « RF » pour République Française, simultanément ajoutée .Un prudent iconoclaste de ces temps troublés où détenir des objets portant les marques de la Tyrannie capétienne faisait encourir rien moins que la peine de mort, avait en effet soigneusement gratté les couronnes dessinées au sommet des lettres tant de communauté que d’année ,et, pour bien faire, le poinçon également surmonté d’une couronne de l’orfèvre. Heureusement pour la postérité et le collectionneur , notre prudent vandale avait oublié ou ignoré que le règlement édictait aussi une insculpation de poinçons pour ce type d’objets à l’intérieur des binets, avant moulage : sous les restes de cire qui les occultait alors certainement, un rapide nettoyage lui aurait permis, ainsi qu’ à moi deux cents ans plus tard, de découvrir, comme à l’état neuf la marque de Daniel Saint adornée de la belle tête de licorne du blason de Saint-Lô, outre un « T »couronné à cheval sur les années 1714-1715.Paire de flambeaux en argent fondu, modèle à pans posant sur une base octogonale moulurée à doucine.
Saint-Lô, vers 1714-1715 (lettre T lisible sur un).
Maître-Orfèvre : Denis I Saint (avant 1700-1730).
Hauteur : 21 cm - Poids : 770 g
Les poinçons de Maître-Orfèvre et de communauté ont été biffés sous la base probablement pendant les années de Terreur Révolutionnaire, ces poinçons étant surmontées d’une couronne symbole du pouvoir royal. Cependant les poinçons du Maître- Orfèvre : Denis Saint (DS sous une licorne couronnée). ont été préservé et restent visible dans les binets.
Ancienne collection METAIS, Bayeux.
Estimation : 2 500 / 3 500 €
Petit récit qui me conduit à donner maintenant une autre de mes clefs de collectionneur : la recherche assidue, constante, de l’objet pour moi et beaucoup d’autres, beau et rare, deux qualités fréquemment rencontrées en orfèvrerie, surtout de l’Ancien Régime ; il se dit que seulement environ 1% de ces pièces ont survécu aux fontes forcées, dès Louis XIV en personne jusqu’à la Révolution, sans compter de nos jours les ilotes spéculateurs sur le cours de l’argent-métal. Ajoutons à cela les massives et aveugles destructions dans nombre de villes martyres, Caen, Avranches, Saint-Lô, Coutances, Falaise, Valognes, Le Havre, Rouen, etc, et l’on aura une juste idée de la raréfaction de l’ancienne production notamment d’excellents maître-orfèvres normands.
Tasse à vin en argent uni, bordé d’un filet, marqué « Ct.TANCREL ». L’anse anneau à appui pouce
découpé décoré d’un amour ailé désignant le portrait d’une jeune femme et marqué « JE LE PORTE PAR TOUT ».
Fécamp, vers 1755-57.
Maître-Orfèvre : F.R.G répertorié et reproduit, mais non identifié dans l’ouvrage de J.C Cassan (page 148).
Poids : 133 g
Estimation : 1 500 / 3 000 €
Tasse à vin en argent uni marqué « R.F.HERBERT BIONNIERE ». L’anse anneau à appui pouce découpé et gravé d’un gentilhomme tenant bouteille et verre de vin, portant l’inscription « Sa couleur me ravi ».
Falaise, 1757-1760 (lettre C).
Maître-Orfèvre : Fiacre Gilles Le Francois (reçu en 1755).
Poids : 119 g
Estimation : 1 500 / 3 000 €
La spécificité régionale que j’évoque ci-dessus se rencontre par exemple pour les tasses à vin et les tastevins, l’ombilic de Bordeaux ne ressemblant guère à la tasse à oreille à devise normande ni au petit « enroulé » de Mâcon ou d’Orléans, ou encore la jolie fleur-de-lys pictavo-charentaise, étant souligné au passage, une fois de plus, que la lecture du texte des devises gravées en Haute comme en Basse-Normandie, alors aussi pays de vignobles, tel que fréquemment « Vive le bon vin » « Vive le raisin » « Le vin et l’amour » « J’aime le bon vin » etc, sans que quiconque n’ait eu sous les yeux un « Vive la Pomme » ou « J’aime le Cidre »,devrait à jamais condamner l’usage de l’appellation imaginaire de « goûte-cidre », parfois utilisée.Tasse à vin en argent à ombilic, cupules et frises de perles, gravée «J.B.REGNIER». L’anse filetée à enroulement.
Mâcon, vers 1770 (lettre G).
Maître-Orfèvre : Joachim Violette (1749-1781).
Poids : 85 g
Ancienne collection Solange et Georges Delauney.
Estimation : 400 / 600 €
Tasse à vin en argent décorée en repoussé de pampres, gravée «PIERRE DUBOIS ». L’anse filetée à enroulement.
Orléans, 1768 (lettre G).
Maître-Orfèvre : Pierre IX Hanappier (1706-1777).
Poids : 63 g
Estimation : 400 / 600 €
Précisons aussi, en matière de typologie, que si assez fréquemment les modèles parisien sont repris par les orfèvres de province, ceux-ci en font parfois une amusante adaptation locale : ainsi de certaine théière de Bordeaux sur laquelle dans les années 1760, Gabriel Mestre fils s’amuse à ciseler, au milieu de roseaux, quelques animaux visiblement de bord d’eau ! Et aussi qu’avant le triomphe de l’ombilic local, les Bordelais dégustèrent de leur vin avec des tasses « anse coquille » et « anse serpent » comme en France entière.
Théière en argent uni posant sur un piédouche, souligné de frise de vagues. Le col ciselé d’une guirlande de laurier. Le versoir tête de canard entouré d’un décor gravé de roseaux et d’animaux aquatiques en repoussé.
La graine figurant une fleur sur un tertre fleuri et feuillagé. L’appui-pouce coquille. L’anse en bois noirci.
Bordeaux, 1783-1784 (lettre G).
Maître-Orfèvre : Gabriel Mestre, Fils (reçu en 1762).
Hauteur : 21 cm - Poids brut : 765 g
Bibliographie : Modèle rare par son décor, à rapprocher de celui reproduit dans l’ouvrage de Jean et Jacques CLARKE DROMANTIN, les Orfèvres de Bordeaux, page 224 (N ° p124f) conservé dans les collections du Musée des Arts décoratifs de Bordeaux.
Estimation : 6 000 / 8 000 €
Et enfin, toujours pour l’amusement, car bien collectionner, c’est aussi et avant tout bien s’amuser, ne manquons pas de regarder les becs-verseurs de nos chocolatières, théières verseuses et autres petites « égoïstes », au XVIIIe siècle et encore de nos jours, elles nous parlent, nous sourient, de face et de profil, franchement ou d’un petit air pincé, mais toujours avec esprit, comme l’avait voulu l’artisan qui les façonna. C’est en tout cas l’un des enseignements plaisants qu’une mère attentive collectionneuse donnait à son alors jeune fils.